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  • Photo du rédacteurParkour Paris Officiel

Vaincre sa peur

Dernière mise à jour : 25 avr. 2020

Dans le sport moderne, le mental joue un rôle de plus en plus important dans la réussite d'un athlète ou d'une équipe. C'est pourquoi les entraîneurs intègrent des séances orientées vers la préparation mentale afin que l'athlète puisse vaincre sa peur et arrive dans de bonnes conditions le jour J. J'ai toujours accordé une très grande place au mental dans le Parkour. Je trouve qu'il est souvent négligé par les pratiquants qui vont lui préférer un travail physique ou créatif. Pourtant, l'engagement dans le Parkour est une notion fondamentale. Quels exercices pouvons-nous travailler afin de renforcer le mental ? Du coup, quelle place doit-on lui accorder dans notre entraînement quotidien ? Quelles peurs parasitent notre pratique et sont-elles toutes justifiées ?


Vaincre sa peur


Vaincre sa peur: peurs rationnelles vs peurs irrationnelles

Je vais d'abord définir ce que j'entends par peur rationnelle et irrationnelle. La peur rationnelle est celle qui découle d’une situation qui nous met vraiment en danger. A contrario, la peur irrationnelle est celle qui naît d’une situation qui en réalité ne peut nous causer aucun mal. J'ai décidé de prendre 3 peurs rationnelles et 3 peurs irrationnelles (il y en a d'autres...) pour illustrer mes propos. Commençons par la peur de chuter, c'est une peur tout à fait rationnelle, il y a un risque de se blesser en pratiquant le Parkour, chaque saut que vous faites peut entraîner un risque de blessure. Cette chute peut intervenir pour différentes raisons. La hauteur représente elle aussi une peur tout à fait rationnelle, plus vous êtes haut et plus vous risquez de vous faire mal (voir très mal). Pour finir, la peur de glisser est aussi une peur rationnelle, car si vous glissez, vous pouvez aussi vous faire mal.

Ce qui m'intéresse vraiment dans ce paragraphe sont les peurs irrationnelles, car ce sont ces peurs-là qui nous bloquent, qui nous empêchent de faire un saut. Il en existe des tas, j'ai décidé de vous parler des 3 qui reviennent le plus souvent. La plus importante est celle du jugement des autres (ou du regard des autres). Je me souviens lors de ma première année de pratique, dès que quelqu'un passait dans la rue, je m'arrêtais instantanément et j'attendais qu'il soit loin. J'accordais une place trop importante à ce que les gens pouvaient penser de ce que je faisais, alors qu'il me suffisait d'être concentré sur mon saut pour faire abstraction du reste... Cela m'a pris une petite année pour vaincre cette peur. Une autre peur irrationnelle qui revient souvent et qui bloque beaucoup de monde est la peur de l'échec. C'est illogique d'avoir peur de quelque chose que l'on n'a pas encore essayé et pourtant cela nous touche tous ! Car nous laissons cette petite voix intérieure nous parler et nous faire penser à tout ce qui va se passer si nous échouons (une blessure, ce que vont dire les autres et j'en passe...). Faites taire cette voix en vous concentrant sur votre objectif, en l'occurrence le saut que vous voulez réussir, vaincre sa peur de l'échec est très important, voir primordial. Pour finir une peur qui touche principalement nos élèves : ne pas avoir le niveau technique pour réussir. Normalement, votre coach connaît votre niveau, s'il vous propose un exercice, c'est qu'il est sûr que vous avez le bagage technique pour réussir. Donc, là encore, nous laissons la petite voix nous dire que nous ne sommes pas capables de réussir...



Les méthodes pour vaincre sa peur

Avoir des objectifs

C'est un point essentiel souvent négligé par les traceurs. Pourtant, c'est important d'avoir des objectifs quand vous sortez vous entraîner. Je me souviens quand j'ai commencé le Parkour, il n'y avait que quelques vidéos sur internet principalement celles de David Belle et tous les week-ends, je me rendais à Lisses avec mon groupe de l'époque (les shintai) et je savais déjà quels sauts j'allais tenter par rapport aux sauts que je voyais dans les vidéos. Je savais que pour ce saut, j'allais devoir attendre un peu alors que pour d'autre, j'étais prêt. Du coup, j'avais des objectifs à court terme et à long terme (sans forcément le savoir). Cela m'a vraiment permis de progresser, car je ne perdais pas de temps, j'avais soif de saut et je charbonnais (comme nous nous amusions à dire à l'époque).


Booster votre confiance

C'est un point important ! Si vous avez un discours négatif envers vos capacités et vous-même, votre jaug le confiance restera basse. Pourtant, quand vous arrivez sur un saut qui vous bloque vous avez besoin d'avoir cette jauge au maximum sinon cela devient mission impossible. Donc il est important d'avoir un discours positif : un "je ne vais pas y arriver" devient "je vais donner mon maximum pour y arriver". Au même titre que le discours positif, il est important de ne pas écouter la voix qui vous dit ce genre de chose "tu es trop petit, grand, gros...", "Il y a des gens qui me regardent", "comment cela va t-il se passer si je rate". Toutes ces phrases, nous nous les sommes toutes dites, si nous les laissons prendre trop de place elles vont saper notre confiance et nous faire douter. Donc gardez-les pour vous, bien enfouie !


La visualisation

Alors c'est un sujet que j'ai toujours trouver inutile pour le Parkour. Il existe plein d'études qui montrent que la visualisation permet aux athlètes de progresser. J'ai toujours nié l'intérêt de cette pratique dans le Parkour car je n'arrivais pas à comprendre comment elle pouvait nous faire sauter dans la "vrai vie"... jusqu'à il y a peu... Je me suis rendu compte que j'ai toujours utilisé cette méthode sans l'appeler la visualisation. Très souvent le soir avant de dormir, je pense aux sauts que j'ai en objectifs. Je m'imagine en train de les faire, parfois de les rater aussi, j'essaie d'être le plus précis possible dans ma "visualisation", je m'imagine en train de faire le saut avec une vue à la première personne, un plan plus large de l'action. J'essaie de ressentir l'impact, les tensions des muscles de mon corps. Il m'arrive d'en avoir les mains moites et de mettre du temps à trouver le sommeil suite à ces "visualisations".


Concentration au maximum

C'est une méthode sans en être réellement une. Normalement, quand vous vous engagez sur un nouveau saut qui vous bloque, vous êtes concentrés. Je me suis blessé sur des sauts "facile" car ma concentration n'était pas bonne, j'abordais ce saut relax. Pourtant, j'ai fais des sauts engagés, avec un certain risque, mais j'étais à 200%, j'avais vérifié tous les paramètres (surface, distance) et j'étais dans le moment présent. Il est donc important que sur des sauts que vous abordez sans trop de pression de vous mettre dans des conditions psychiques plus stressantes. Exemple : un saut que je répète au sol ou sans trop de hauteur, je me dis que je fais ce saut avec du vide. Cela parait tout bête, mais c'est important de travailler dans ces conditions de temps en temps afin d'être prêt pour vos objectifs plus "dangereux". Cela vous force à vous concentrer 2 fois plus et à aborder le saut d'une manière différente.


Rituels pré sauts

Autre méthode qui m'a beaucoup aidé, à l'époque, j'appelais cela des tics et j'en avais plusieurs! Je secouais mon pantalons (très ou trop large), je soufflais très fort et de manière sèche par la bouche, je m'encourageais en criant "Allez, allez!". J'avais l'impression que sans tout ça, je n'arrivais pas à faire le saut. J'ai depuis changé ces rituels pour d'autres, je me positionne devant le saut sur le rebord, je regarde le départ et l'arrivée. Je contrôle l'arrivée pour voir si cela glisse ou pas. Si je peux faire un essai, je saute devant pour voir la puissance adéquate. Il existe plein de rituels, à vous d'utiliser ceux qui vous conviennent et vous mettent dans de bonnes conditions psychologiques.


Contrôler ses émotions

Le contrôle de ses émotions, c'est essentiel et cela s'obtient par une bonne respiration. Quand nous commençons à stresser, le plus important c'est d'inspirer et d'expirer et de se concentrer sur ça et rien d'autre. Si vous vous concentrez sur la petite voix qui vous dit "il y a de la hauteur", "je vais glisser", "je vais me faire mal", vous donnez de l'importance à ces peurs, vous les rendez réelles et elles vont prendre le dessus sur votre envie de faire le saut. Donc il est important de ne pas écouter la petite voix et de se concentrer sur votre respiration. .


Se parler

Je vous ai parlé de cette petite voix qui nous souffle plein de chose négatives, et bien pour la faire taire il existe un bon moyen: se parler. Encore faut-il avoir un discours positif et bourré d'optimisme avec des phrases du style "j'ai tout vérifié, je suis confiant et je sais que je peux réussir ce saut!". Cela m'a aidé à débloquer des sauts car je me suis convaincu que j'étais capable de le faire, à force de me le répéter!


En conclusion

Il n'y pas de méthode miracle, uniquement des outils... J'ai souvent tendance à dire cette phrase à mes élèves: "A un moment donné, il faut que tu sautes !". Je pense que ce qui me plaît le plus dans le Parkour, c'est ce sentiment de lâcher prise que tu ressens quand tu sautes après un blocage. C'est comme si tout s'arrêtait autour de moi, je me sens libéré et au contrôle de mon corps, un sentiment de plénitude m'envahit. Il n'est pas nécessaire de faire un saut dangereux pour ressentir ce genre d'émotion, juste de passer un blocage. Les méthodes décrites plus haut peuvent vous aider, vous pouvez vous en inspirer pour vos entraînements, mais il en existe beaucoup d'autres, alors sortez pour tester.


 

J'ai décidé d'écrire cet article suite à la lecture du livre de Eric-J Hörst, Objectif septième degré : Entraînement, progression et performance en escalade, je vous recommande de le lire si vous aimez l'escalade, même si vous êtes d'un niveau inférieur, il est bourré de conseils très intéressants.


Pour compléter cet article, vous pouvez consulter cet article : Pourquoi j'arrête le Parkour.

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