La blessure effraye le sportif et quand elle arrive nous sommes souvent perdu. Pourtant, gérer une blessure, ça s'apprend !
En tant que sportif et pratiquant du Parkour depuis bientôt 15 ans, j'ai eu la chance de n'avoir à traiter que peu de blessures sérieuses : 2 entorses graves de la cheville, 1 entorse moyenne du coude et une tendinite à l'épaule. J'ai dû affronter pas mal de douleurs et gênes, mais je me rends compte que j'ai toujours su les gérer sans trop m'affoler. Cependant, en tant que coach, je suis maintenant beaucoup plus confronté aux douleurs et blessures des élèves et athlètes que je côtoie, et je me rends compte que beaucoup ont du mal à appréhender l'idée d'être blessé et à prendre du recul à ce sujet. Il n'y a pas de manuel de gestion de la blessure, cet article n'est qu'une réflexion issue de mes expériences et de celles des gens qui m'entourent.
Comment j'ai géré mes blessures
J'ai longtemps été, surtout pendant mes premières années de Parkour, un fervent adepte du "c'est dans la tête". La moindre douleur musculaire ou gêne corporelle qui se présentait à moi était assimilée à un obstacle, un ennemi que je devais combattre pour continuer d'avancer, de m'entraîner et donc de progresser. Ma seule réponse à cela était un combat mental contre cet ennemi : "j'ai mal mais c'est dans la tête" ou "la douleur est une information donc elle me prouve que je suis en vie", tout un tas d'excuses ou de prétextes qui ont eu deux gros impacts sur mon corps et mon esprit. Avec le recul, cette mentalité n'est pas forcément la bonne, mais elle correspondait à l'esprit guerrier du Parkour de l'époque et c'est en partie ce qui m'a forgé.
Impact positif : j'ai appris à me connaître rapidement et à gérer la douleur malgré les signaux que mon corps m’envoyait en me disant "ralenti mec, la machine chauffe !". Cela m'a permit de me dépasser physiquement et mentalement et c'est aujourd'hui indéniablement une de mes forces.
Impact négatif : j'ai trop souvent ignoré ces-mêmes signaux et j’ai la plupart du temps attendu le point de non-retour pour m'arrêter, ce qui a forcément entraîné de longues périodes d'arrêt. J'aurais pu avoir des séquelles irréversibles (tendinite chronique, entorses à répétition, sujet aux déchirures..), mais mon corps ne me l’a jamais fait payer.
Malgré tout, l’idée de me blesser ou de ressentir des douleurs ne m'a jamais réellement inquiétée : bien qu'étant têtu à cause de mon jeune âge, j'avais tout de même suffisamment de recul pour comprendre qu'on a qu'un corps et qu'il fallait lui témoigner du respect en l'écoutant. C'est donc sans trop de difficultés que j’appréhendais mes phases d'arrêt et de reprise.
Gérer une blessure quand elle survient
Je pense que la première chose à faire lorsque l'on se blesse, et c'est sûrement la plus évidente mais aussi la plus dure, c'est d'accepter que l’on s’est blessé et surtout ne pas s'en vouloir. Comme dirait @majormouvement : "c'est pas graaave, je me suis blessé mais, c'est pas grave !". On a trop vite fait de culpabiliser et de se dire "je le savais, je n'aurais pas dû forcer ou tenter tel mouvement". C'est fait !! Et si c'est fait, c'est que vous deviez le faire, voilà tout.
De fait, il ne faut pas toujours chercher à comprendre pourquoi nous nous sommes blessés car c'est là aussi le meilleur moyen de se torturer l'esprit, ce qui nous empêche de focaliser toute notre attention sur la deuxième étape : l'arrêt.
Gérer une blessure pendant la période d'arrêt
L'arrêt. L'idée de ne plus pouvoir s'entraîner, de ne plus pouvoir faire ce que l'on aime a souvent pour conséquence une remise en charge tardive du corps et surtout une mauvaise gestion de la guérison. Comme je le disais précédemment, porter toute son attention sur la phase de soin, de guérison et de récupération est primordial !
Il faut prendre le temps, être convaincu que l'on va se remettre vite et tout mettre en œuvre pour y arriver. Cela passe bien évidemment par un diagnostic précis réalisé par un spécialiste du sport (le médecin du sport), la prise en charge des soins (si nécessaire) par un autre spécialiste du sport (le kinésithérapeute), et surtout l'implication totale du spécialiste de votre corps (VOUS-MÊME).
Il ne faut surtout pas oublier que si vous avez une blessure quelque part, cela ne veut pas dire arrêt total ! Vous pouvez toujours travailler autre chose. Quand je me suis blessé aux chevilles, je renforçais le haut de mon corps pour garder une activité qui me motivait à récupérer, mais aussi pour avoir un gain sur un aspect que je pouvais délaisser en temps normal.
Je reste entièrement convaincu qu'avoir confiance en ses propres facultés de guérison est un plus magistral dans la gestion d'une blessure et la reprise du sport. J'ai toujours été à 100% dans mes phases d'arrêt. Voulant toujours reprendre le Parkour au plus vite et dans les meilleures conditions, je ne me suis jamais lamenté sur une douleur ou blessure (sauf une fois où j'ai lâché quelques insultes, je l'avoue ^^), j'ai toujours porté toute mon attention sur ma guérison, j'en ai toujours fait plus que ce qu'il ne le fallait et mon corps me l'a toujours rendu au centuple.
Gérer une blessure pendant la reprise
La reprise est sûrement la période la plus délicate après une blessure, car après X jours ou semaines d'arrêt la confiance en soi et en son corps finit souvent par disparaître, que ce soit en partie ou même totalement pour certains. Je pense que cela dépend beaucoup de notre état d'esprit durant la phase d'arrêt.
Le plus important, c'est de savoir que vous n'allez pas reprendre avec la totalité des capacités que vous aviez avant la blessure. Ce serait une erreur de penser cela et une erreur plus grosse encore que de reprendre l'entraînement dans cet état d'esprit. Le corps à besoin d'une remise en charge progressive, mais attention : beaucoup de sportifs peuvent reprendre avec de fortes appréhensions et à une échelle trop basse de peur de se blesser ; il s’agit là aussi d’une erreur de jugement. Il faut trouver un juste-milieu. L'accompagnement d'un coach peut être une solution.
Pour encore parler de mon expérience, lors de ma dernière entorse, j'avais beau aller chez le kiné et réaliser des exercices en plus chez moi, il me manquait quelque chose pour me lancer et reprendre sérieusement l'entraînement. Ce quelque chose a été très simple, une phrase que mon kiné m'a dite lors de ma dernière séance. Je lui racontais que je ne ressentais pas ma cheville, que je n'avais pas de sensation et que j'avais encore mal, et il m'a simplement répondu : "Mais tu sais, Tom, tu n'as plus rien, ta cheville est à 100% maintenant. Ce qu'il faut, c'est que tu aies confiance en elle". Je me suis entraîné le lendemain et je n'avais plus mal, car j'avais repris confiance en moi. Parfois, il suffit de peu de choses, les mots d'un spécialiste ou d'une personne de confiance (ici mon kiné) par exemple, pour faire sauter certains verrous. À partir de là, la dernière crainte qui puisse exister, qui est de se blesser à nouveau sur le même mouvement, devrait disparaître.
Pour résumer
La motivation de reprendre l’entraînement a toujours eu raison des blessures que j'ai eu, car j'ai continué à les accepter quand elles se présentaient ainsi qu’à garder confiance en moi. Aujourd'hui je les appréhende mieux ; mon état d'esprit "c'est dans la tête" s'est transformé en "il y a un signal, écoute-le", mais je sais faire la différence entre une douleur qui demande une attention particulière et une douleur que je peux "ignorer".
Je pense que pour gérer au mieux la blessure lorsqu'elle se présente, il faut garder ses objectifs en tête et respecter les idées principales citées plus haut : accepter d'être blessé, prendre le temps et œuvrer pour guérir, et garder confiance en soi.
N'hésitez pas à nous faire part de vos méthodes ou astuces lorsque vous êtes blessé ou simplement de nous dire si cette réflexion sur la gestion de la blessure vous a aidé ;-).
Les indispensables du sportif :
Poche de froid - Environ 7€ (utile pour toute autre douleur : choc, hématome, tendinite..)
Argile verte concassée - Environ 10€ (utile pour réduire les inflammations)
Baume du tigre - Environ 5€ (utile pour les douleurs articulaires et musculaires, préparation à l'effort, récupération après l'effort mais aussi pour bien d'autres maux du quotidien : piqûres de moustique, maux de tête, rhume..)
Pour compléter cet article : entorse de la cheville, les 5 fondamentaux du Parkour.
Toutes les informations sur les cours collectifs adultes et les cours collectifs ados.
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